Bon… Il est peut-être temps…

Bon.
Bon bon bon bon bon…

Il est peut-être (certainement) temps de faire un bilan de ce bout d’internet qui m’a suivie pendant des années.

Je n’aurais pas cru, en revenant, presque un an d’inactivité auteuristique plus tard, voir encore des gens y faire un tour.
Mais bon. J’imagine que ces écrits sont restés dans les mémoires de quelques-uns.

J’ai même eu une fois un enfoiré de première qui m’avait insultée en commentaire pasque selon lui j’étais un enfoiré de soignant.
Bon, pas d’bol, j’suis autant un soignant que Macron un islamogauchiste. C’est vous donner une idée du niveau d’aberration.


Avec le recul, j’ignore si je me souviens correctement de l’essentiel de mes discours du temps où ce lieu était actif, mais je pense que j’en retirerais sans doute beaucoup, à présent.


Les choses ont eu le temps de changer. Et les confinements n’ont d’ailleurs pas arrangé ma stabilité mentale, mon identité personnelle et mes certitudes d’alors. Et ce n’est pas forcément une mauvaise chose.

Depuis les premiers articles, les violences médicales perpétrées par des infirmiers et infirmières psy dans le cadre de leur… Encadrement de ma personne (et ne parlons pas des psychiatres) ont cessé d’être des banalités et des nécessités sans lesquelles j’aurais survécu.


Clairement, même à l’époque je gardais une amertume constante de m’être faite reprendre par une infirmière psy au moment de la queue pour récupérer la confiture et la dose de beurre du petit-déjeûner « pasque j’avais pas dit bonjour », omettant (sciemment) le fait que j’étais tellement bourrée de neuros sédatifs, anxios, somnifères et traitements de fonds au max en tous genre qu’il m’était difficile de ne pas m’assoupir en m’asseyant. L’humiliation.
Pourtant jusqu’aux dernières années (en gros 2019) j’avais du mal à voir cela autrement que comme une impolitesse de ma part. En tout cas à le formuler comme tel.

De la même manière, dire que j’ai été QUELQUE PEU marquée par ma mise en isolement en 2014 est un euphémisme. Cela fera bientôt 7 ans et j’en cauchemarde chaque année à la période anniversaire.
On pourrait aussi parler de cette manie que je garde depuis ma toute première hospitalisation, de ne jamais franchir la porte du CMP pour un rendez-vous avec mes bagues, ma montre ou des effets personnels auxquels je tiens trop fort. « Au cas où… »
Au cas où le psychiatre déciderait de m’hospitaliser contre mon gré depuis son cabinet, bien sûr.

J’ai pourtant toujours eu (et ai toujours) de bons contacts avec mes psy : je parle leur langage, et j’ai toujours consciemment tenu le discours qu’ils voulaient me voir dire. C’est d’ailleurs ce qui m’a évité des hospis longues, la plus interminable n’ayant fait « que » trois semaines.
De l’art de savoir manier la langue et de savoir où se situe la ligne rouge, de savoir ce qui doit être tu et correctement dissimulé pour ressortir plus vite.
Je l’avais compris dès mes 16 ans… En HP règne l’arbitraire au nom du soin, alors arrange-toi pour louvoyer. On ne lutte pas contre une pareille institution.

Eh ben, même avec tout ça (et tant et plus hin…on pourrait parler aussi de ma décision (dont j’ai beaucoup parlé ici-même) d’avoir des injections plutôt que des cachets : la servitude volontaire plutôt qu’une servitude pire car forcée et d’autant plus coercitive.)…
Même avec tout ça, j’ai tenu ce discours qui consistait à se dire que, ma foi… Comment faire autrement ? faut bien nous soigner, et pis les soignants z’ont pas de moyens (ce qui est vrai certes), et pis le monde est empli de bonne volonté (oui aussi, mais c’est pas le propos en fait).

J’ai joué, jusqu’ici mon rôle de petite patiente modèle qui faisait tout bien pour ne pas choquer qui que ce soit. Parce que sinon c’était avouer que j’avais reçu ma part de coups au moral, ma part de dégradations corporelles et mentales inutiles… Ce qui est pourtant le résumé de ma vie jusqu’à présent.

J’ai joué ce rôle, parce que j’ai été dressée à être cette patiente-modèle. J’avais appris à gober des médicaments avant même de savoir lire, écrire et compter : épileptique depuis l’âge de deux ans, et pas le genre de cas facile, le genre à être envoyée en urgence depuis Alençon à Paris (St Vincent de Paul, TMTC) pour être suivie par des pontes de la neuropédiatrie. Le genre de professeur bardé de diplômes (plômes) au point de s’en être fait une robe de mariée.

Sauf que ça n’a pas pu tenir jusqu’à aujourd’hui.
C’aurait pu, remarquez.

Et ça tient encore de manière branlante hin, d’ailleurs.
C’est compliqué de prétendre faire un acte, à ma petite manière, de militantisme autour de la situation des fous, des cinglés, des weirdos, des psychotiques, etc… Sans avoir eu de formation militante ou d’accès aux connaissances critiques.

Ben oui, vous croyez quoi ? Cela fait maintenant 7 ans que je n’ai plus lu de livre. Lire un article de presse est déjà extrêmement fastidieux. Je me nourris essentiellement de vidéos YouTube.
Et comment faites-vous pour avoir accès au savoir critique sans livre, ni accès aux études supérieures, et qu’en plus vous êtes de toute façon hors du champ social traditionnel, totalement inapte au travail par la force des choses ?
Comment vous vous liez aux forces des luttes, fussent-elles pour nos droits de tarés en tous genres si vous n’avez ni les clefs méthodologiques, ni les concepts maîtres, ni l’expérience concrète de l’exploitation, ni la légitimité, ni les lieux de socialisation pour avoir un tant soit peu de crédibilité à s’exprimer ?

Le peu d’énergie mentale que j’emploie à lire passe dans mon association de photographie et autant vous dire que ça me met sur les rotules. Mais c’est plus important que de militer. C’est ce qui fait que je ne sombre pas dans le néant de la dépression. J’suis déjà complètement barge, pas la peine d’en rajouter.


Et puis bon, vous le savez… Y a comme qui dirait une pandémie en cours. Ben les confinements, déconfinements, reconfinements, couvre-feu, sauce extrême-droitisation du champ politique saupoudrés de scandales d’Etat hebdomadaires, ça a UN PEU tendance à rendre zinzin. Ca fragilise déjà tout le monde, alors imaginez ce que c’est pour tous ceux qui ont déjà du mal avec eux-même en temps normal.


Remarquez, ça donne le temps de réfléchir, et c’est pas plus mal. Même si ce n’est pas forcément pour le mieux. (paradoxal, je sais)

Je me souviens, en 2015 je me suis découverte asexuelle aromantique. Bah vi. Forcément.
Ce qui ne m’avait jamais sauté aux yeux tant c’était une évidence fabriquée par une absence totale de mots pour le penser, j’ai fini par l’apprivoiser, comprendre que je n’étais pas hétéro. Comprendre que j’avais d’autres sujets de préoccupation que le sexe, que ce n’était pas grave.
Mes parents, personnes formidables malgré leur incapacité à vraiment piger le besoin de ce genre de mots, ont admis ce fait (sans les mots pour le désigner, qui n’avaient aucun intérêt à être mis sur la table) en jouant la carte de la « diversité hormonale ». L’idée que tout le monde n’est pas aussi tiraillé par ses hormones, quoi. Mais bon, que j’suis encore une fois un sacré numéro.

En 2015 aussi, j’avais réussi à formuler une drôle de phrase. L’arbre de l’asexualité cachant TOUJOURS la forêt de l’identité de genre, j’avais fini par accoucher d’un « Je suis un homme défaillant »… Un an ou deux plus tard, des imbéciles notoires d’un forum m’avaient d’ailleurs qualifié de « pas un vrai homme ».

Ce qui est amusant avec ce « homme défaillant », c’est que les fans de microdéfinitions dans la vaste galaxie queer ont sans doute déjà levé un ou deux sourcils de manière spasmodique.


…Non, je plaisante. En fait ils savent déjà où je veux en venir.


Bah oui parce qu’une fois le bilan de mon histoire personnelle, adolescente en particulier…

…Il ne reste que le substrat, l’angoissant substrat d’un genre qui n’est pas celui auquel on m’a assignée.
Bah nan, patate.

J’ai toujours du mal à l’écrire, et j’appréhende ce que ça pourrait déclencher.
Mais clairement je relève plus de la meuf transgenre que du mec cis…

Traduisez : « J’ai un pénis et des testiboules, mais j’ai jamais vraiment réussi à m’associer à la culture masculine, ni à vraiment m’y sentir à ma place, désirée ou même vraiment acceptée. »

Après, on peut gloser longtemps sur ce que ça peut signifier pour une schizo (probablement autiste aussi) qui a un esprit un peu bancal depuis sa naissance.

Quand on ne socialise pas à l’école, ni au collège, ni au lycée. Que le jeu des amis et amies, que le jeu des bandes de potes, c’est pas pour soi, que l’ensemble des groupes vous environnant vous perçoit comme un débris encombrant, ou au mieux comme une mascotte un peu étrange… Quand au final vous n’êtes jamais prise pour l’égale des autres, ni comme totalement humaine…

…Votre construction de genre, malgré toute la bonne volonté, malgré tous les efforts de votre famille, elle est forcément de guingois. Pas très solide, pas très stable.


Alors voilà.

Schizophrène
Probablement autiste.
Epileptique.
Asexuelle.
Aromantique.
Trans.

Je suppose que dans ce genre de situation il est normal de s’attendre à tomber à nouveau sur une autre pépite de l’improbabilité co(s)mique et multiproportionnelle.

« Ca fait beaucoup, là, non ? »

Oui, moi aussi je trouve. Mais en fait j’suis pas étonnée. Plus tu es neurologiquement de traviole, plus forcément les originalités s’accumulent.
C’est pas une tare d’être trans, ace ou aro, hein.
Mais c’est clairement pas une identité qui appartient au champ de la norme. Donc oui, j’suis une originale.

Certaines de ces étiquettes… Ce ne sont que des définitions sur un penchant, une tendance.
D’autres sont des problèmes de santé neurologique qui mettent mon énergie mentale et physique à rude épreuve.
D’autres sont juste des faits, une divergence cérébrale qui ne serait pas grand chose si notre environnement pouvait s’y adapter.



Le plus lourd à supporter dans tout ça, c’est le poids du silence.
Non, pas de devoir taire sa nature profonde.

Le silence d’un milieu vaste et fascinant, terriblement tentant mais à jamais inaccessible, qu’est celui des luttes.

Les militants handis, queers, et même plus largement politiques… Parlent au final entre militants, entre gens capables de discourir ou se battre pour des idées vastes, qui transcendent notre petite existence mortelle.


Moi de mon côté, je n’ai jamais pensé ce lieu que comme un lieu de solitude.
Internet pour moi ça a toujours été un lieu d’observation du monde extérieur, mais où ma parole ne porterait pas.
Parce que même si la parole est donnée à tous…
Parce que même si le droit de parler de ce qui nous plaît nous est donné…


…Encore faut-il être lue.
…Encore faut-il être capable d’échanger, débattre, protester, argumenter. Et embrasser cette gigantesque et tentaculaire ère des réseaux sociaux où un milliers de followers n’est rien et où la moindre parole dite avec assez d’à propos peut soulever des montagnes.


C’est un monde si grand, trop grand.
Je viens d’une ville de moins de 30 000 habitants.
Je suis allée une fois à Toulouse, c’était déjà mille fois trop grand pour moi, j’ai eu l’impression d’être dans une ville vertigineuse à simplement marcher dans son centre-ville.

Je ne suis pas capable de penser « mon action » comme ayant un impact. Parce que de mon point de vue, ce lieu ne sera jamais décisif. Je ne serai jamais décisive. Je ne l’ai jamais été. Ma parole n’a que rarement compté dans des décisions collectives.

Alors oui, j’ai dit des masses de conneries sur ce blog. Des choses qui au final ont entériné jusque dans ma propre caboche des douleurs comme normales.

Et je sais que je ne serai jamais une bonne militante. Je pense même d’ailleurs que jamais je n’aurai la voix nécessaire, ou même l’intelligence sociale nécessaire pour porter un argument tenable en place publique. Je ne serai jamais une militante.

Je suis tout au plus l’exemple-type de la nana paumée qui essaie de dire des choses intelligentes, mais sans avoir reçu l’instruction nécessaire.
Comme le matheux amateur qui croit trouver en boucle la solution à la production d’énergie infinie par manque de culture scientifique.


Alors oui j’ai dit masse de conneries. Et cette nuit, ça m’empêche encore plus de dormir que d’ordinaire. Et cette nuit encore, je profite de ce que cet espace existe toujours, cet espace fait de pensées noires et insomniaques sans queues ni têtes, décousues, incohérentes, absurdes, et parfois vaguement sensées.


Je suis fatiguée de cette pandémie. Il y a fort à parier que sans elle jamais je n’aurais mis le doigt sur ce que cachait cet « homme défaillant ».
Je suis fatiguée tout court en fait.


Voilà. Durant toute la rédaction de ce billet, je tremblais comme une feuille morte.
Les tremblements ont cessé.

Dont acte.

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Pavé d’Ace…

[Attention, ça parle de cul, de viol, de sexualités, de débats à la con sur Twitter (auxquels je ne risque pas de participer, lisant twitter sans avoir le moindre compte), et d’autres considérations aussi déprimantes….  Ah, et si vous ne comprenez pas la moitié des mots-clefs, c’est sans doute que ça ne vous apportera rien de lire ce post coup de gueule…. Pour le peu de risques que quelqu’un de concerné lise ça, déjà… x) ]

 

La journée de visibilité Asexuelle/Aromantique est passée semble-t-il. Ou va passer, ou pas. Fin bref, c’est un sujet bouillant en ce moment sur Twitter.
Et vous savez quoi ?

Je m’en contrefous de savoir sur les Aces font partie de la communauté LGBT+.
Je m’en contrefous de savoir si le A de LGBTQIA doit signifier « Alliés » ou « Asexuels/Aromatiques ».

Je m’en fous aussi d’être considéré comme « mec cishet asexuel ».
Je m’en fous de moi-même être vu par le monde entier comme tel.
Je m’en fous de savoir si les Aces subissent des oppressions systémiques ou pas, des oppressions médicales ou pas, des pressions sociales ou pas, qu’elles sont aussi graves, ou plus ou moins que celles des « vrai.e.s » personnes LGBT+.

Je m’en fous d’être vu comme un potentiel cheval de Troie dans les communautés LGBT+ parce que né avec une paire de testiboules et une bite à la con.

Je m’en fous de savoir si oui ou non la pansexualité existe aux côtés de l’orientation bi.
Je m’en fous de savoir si oui ou non le spectre romantique et sexuel sont pertinents. Ou si ce sont juste des délires sociaux-libéraux ou je ne sais quoi.

Je m’en fous d’être représenté dans les marches des fiertés aux côtés des « vrai.e.s » LGBT+.

Vous savez pourquoi ?

Parce que j’en ai marre.
J’en ai marre de voir, alors qu’on parle d’Asexualité à l’occasion des journées faites pour en parler, y en a toujours pour te renvoyer dans les dents un statut de « mec cishet » -sous-entendu d’exploiteur du corps des femmes et de privilégié majeur qui n’aurait pour seul effet que de parasiter les luttes Queers.

Parce qu’au bout d’un moment, les violences sexuelles, je ne les ai pas inventées non plus me concernant, parce que ce statut de mec cis me rend de plus en plus fou. Le confinement n’arrange pas les choses mais ça fait longtemps -non, depuis toujours- que mon statut était d’abord celui de weirdo, et celui de garçon ou de mec passait loin derrière, auprès des meufs comme des mecs. Parce qu’on m’a renvoyé à un statut de sous-mec sous prétexte de cette asexualité que je défendais sur un forum où j’avais mes habitudes.
Parce que les violences, qu’elles soient systémiques ou pas, ça n’a pas d’importance pour moi. J’ai eu la chance incroyable d’avoir une famille complètement lucide sur le fait qu’être en couple c’était pas mon truc et que la photo remplissait bien mieux ma vie que la meilleure des copines du monde, quand bien même ils sont hermétiques au concept d’asexualité ou d’aromantisme au moins ils ne m’imposent aucune pression à la sexualité… Parce que les violences, c’est pas du côté de ma famille que j’ai le plus à en craindre. Parce que ça suinte par tous les pores de ma peau, que, comme me l’a demandé un ami de ma famille, peu de temps après ma première relation sexuelle consentie, qui avait très bien compris ce qui se tramait, au sujet d’elle et moi : « Alors ça y est ? Elle t’a violé ? », le tout ponctué d’un rire bien gras. Parce que ouais, c’est tellement lolilol, et ça fait pourtant seize ans de cela, et que forcément le jeune Numenuial, il ne peut pas être à l’initiative, c’est impensable, il ne peut que « se faire violer ». On passera sur l’aberration de la qualification d’un tel acte comme d’un viol. Cette relation-là n’a pas été un viol au sens pénal du terme. D’autres l’ont été, et bien plus tôt.

J’en ai surtout marre de cette idée préconçue de merde, comme quoi mon apparence physique traduisait FORCEMENT la nature de mec cishet que je ne peux qu’être, puisque voyez-vous : j’ai une barbe de Chabal, des épaules larges, un bide de Bidochon, une voix de mec, et surtout des fringues de mec. Ahaha bien joué Sherlock.

Depuis tout gamin, avant même d’être en mesure de conceptualiser ces histoires de genre, de sexualité etc, avant même d’être en âge de puberté, j’ai toujours rêvé du jour où je serais ADULTE. Je ne rêvais pas d’être un homme. Je rêvais d’être un adulte. Un Grand. Quelqu’un qu’on ne prend pas de haut sous prétexte qu’il n’aurait pas d’expérience ou de validité à s’exprimer.
A l’adolescence ça a continué. Je me souviens de la première fois, à 20 ans, que, dans la cour du lycée, un ado de 6e m’a donné du « Monsieur ».
Pas du « Jeune Homme ». Du « Monsieur ». Juste être vu comme un vieux.
J’ai jamais cherché à développer cette paire de testiboules et cette bite.
En vrai, z’imaginez pas à quel point c’est chiant d’avoir ces machins entre les jambes.

J’en sais rien de ce que c’est d’avoir un utérus, un vagin et tutti quanti. De même façon que je sais que j’ai « tiré les bonnes cartes » au jeu de la domination du genre, avec cette paire XY qui me donne une invulnérabilité 100%  aux remarques sexistes et au harcèlement sexiste de rue, au boulot, à l’école, etc…
Mais bordel, j’aurais aimé avoir le choix, parce qu’en toute connaissance de cause, j’aurais eu du mal à vraiment me décider. Mais on ne choisit pas son patrimoine génétique, et depuis que j’ai pu prendre conscience des avantages indéniables des mecs dans la vie quotidienne, ce serait hypocrite de ma part de prétendre vouloir les rejeter pour entrer dans « le camp des opprimé.e.s ».

Mais voilà : la principale chose qui me relie au genre masculin, c’est un rapport utilitariste aux avantages sociaux que ça procure. Le reste c’est juste une expression de genre à la con qui me désole autant qu’elle m’arrange concrètement.

Je ne compte plus le nombre de fois où j’me suis spontanément représenté physiquement plus fin d’épaules, sans cette masse de poils, ni de gras du bide, où, dans ma tête, mon physique devenait de plus en plus flou et incertain au fur et à mesure qu’il se démasculinisait franchement.

J’en ai marre d’entendre « men are trash » de la part de personnes qui, si elles me croisaient dans la rue, m’y associeraient sans jamais se douter une seconde que j’adorerais gueuler « men are trash » avec ces personnes-là. Parce que ouais, j’ai envie de pouvoir gueuler « men are trash ». Je m’identifie chaque jour moins à ce camp du monde, dont l’ensemble des expressions classiques me semble aberrant et révulsant. C’est à ce titre que je me surprends à gueuler mentalement « men are trash »  quand je lis ce genre de réactions. Pas au nom d’un ridicule « not all men ». Parce que j’arrive plus à me sentir comme faisant pleinement partie des « hommes ».

« Homme défaillant », c’est ce que j’avais trouvé de mieux pour définir mon genre, jusque là.
Sauf que ça ne va pas. Que je trouve le costume de transgenre beaucoup trop grand pour moi, et qu’au final, c’est même pas la question : je le sais depuis gamin. Mon genre c’est « bizarre ». « Cinglé », à la rigueur. « Infréquentable ». Bref, tous ces qualificatifs qui revenaient systématiquement plus pour me décrire que le reste.
C’est ça mon identité. Celle d’un….D’une chose qu’on renvoyait encore et toujours à sa bizarrerie. De la même façon qu’un tas de déchets n’est pas forcément genré.

Et j’en ai marre d’entendre dire que l’asexualité ça n’existe pas.
C’est pas la question de savoir où on se situe par rapport à la domination des sexes.
Ca existe, qu’on le veuille ou non. C’est pas un hasard si j’ai jamais cherché spontanément à avoir des relations amoureuses ou sexuelles. C’est pas un hasard si ça ne m’a jamais manqué.
Ca existe. Peu importe comment se situer dans la galaxie des genres et sexualités.

Vous savez quoi ? A la rigueur, allez, militons pour être reconnus en tant qu’asexuels, comme faisant partie de la norme hétéropatriarcale si ça vous chante : c’est cool de n’avoir pas besoin de se poser des questions toute la nuit (comme par exemple cette nuit), de suivre le poisson-pilote sans réfléchir et d’être juste considéré comme « normal » par le reste des gens.

J’m’en accomoderai très bien, en tant qu’Ace, de n’être pas de cette vaste galaxie LGBT+, pour peu qu’on me considère comme « normal ». Parce qu’en vrai, c’est épuisant d’être l’alien de service…

 

Au bout d’un moment je m’en fous de toutes ces considérations philosophico-militantes sur la place des Aces dans les sexualités non-dominantes. Sur ces histoires de termes polémiques, de violences systémiques, psychiatriques, sociales, etc. De qui est le plus à plaindre ou pas. De si c’est être un horrible oppresseur de ne pas systématiquement utiliser l’écriture inclusive, quand on pousse sa gueulante.

Juste, sachez-le :

L’asexualité, l’aromantisme, ça existe : POINT.
Et perso j’aimerais qu’une fois dans ma vie, le monde cesse de considérer par défaut qu’on est un homme hétéro blanc cisgenre.
Parce que ça me pèse de jouer ce jeu éternellement. De n’être même pas capable de m’imaginer en-dehors de ces cases « Homme » / « Femme » qui sont de toute évidences trop lourdes et trop étrangères à ce que je pense être.

Alors ouais, p’têt que tout ça, c’est le résultat de deux mois de confinement. Deux mois à perdre le sommeil, à penser en rond, sans toucher personne à part mon chat. P’têt aussi que c’est la schizophrénie qui parle, p’têt que je suis délirant, que je me fais des films.
P’têt même que je suis effectivement un mec cisgenre hétéro blanc qui fantasme de faire partie du monde des opprimé.e.s du genre et de la sexualité parce qu’il s’ennuie ou veut se valoriser à peu de frais. P’têt que tout ça n’a pas de sens. Que l’asexualité, en vrai, c’est un cheval de troie pour les cishet et les religieux afin de saboter les LGBT+.

Qu’au final tout ça n’est que du vent et que je ferais mieux de profiter de ce jour où je fête mes 31 ans pour me faire une raison et jubiler à l’idée que demain, je n’aurai plus besoin de ces autorisations à s’autoriser soi-même à faire des choses pour sortir dehors une heure par jour.

Que, même, je ne suis finalement pas autiste, que je ne suis qu’à peine schizo, juste une grosse feignasse qui ferait mieux de se bouger le cul plutôt que de se reposer sur ses lauriers… Et que de toute façon je suis un oppresseur né à cause de mes attributs génitaux et de mon éducation de gamin. Et qu’à ce titre je ne mérite pas autre chose que le mépris. Surtout qu’en plus, je suis tout à fait d’accord pour le reconnaître.

Mais dans ce cas : dites-le, que je sache une bonne fois pour toutes ce que je suis…

 

 

 

 

 

 

 

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Seul.

Je suis seul. Et je serai toujours seul.

Ce n’est pas simplement l’ambiance confinée des dernières semaines qui me pèse et me fait broyer du noir. Enfin… Bien sûr que ça compte, que ça a son importance : depuis le début de ce foutu confinement, je passe trop de temps à cogiter sur tout et n’importe quoi, à outrance, et sans fin, sans pour autant trouver LA réponse que je cherche depuis tout gamin : « Que suis-je ? ».

Mais ce n’est pas la question.

Je suis seul. Et je resterai toujours seul.
J’ai appris très tôt que les amis que je faisais, tôt ou tard, se détournaient de moi, soit par désintérêt, soit par une autre quelconque gaffe cosmique, sincère et terriblement décomplexée dont j’ai le secret.

J’ai besoin d’avoir des amis. Et je suis arrivé à m’en faire en moyenne un, année après année. Souvent le même. J’ai rarement eu plus d’un ami à mes côtés à la fois.
L’actuel Ami, celui qui m’aura accompagné depuis la fin du collège… Je crains que le jour où nous serons définitivement devenus étrangers l’un à l’autre approche.
Non pas que j’aie tant changé que ça, mais que lui s’est émancipé du monde protégé et adolescent dans lequel il m’a connu et dans lequel je mijote toujours.
C’est devenu un adulte autrement plus responsable, respectable, travailleur, motivé, et en même temps autrement plus conscient, plus politique, plus concret que je ne le serai jamais. Et il a une vie dure, pour ne pas dire « vraiment très dur sa race ».
Et pourtant de nous deux, c’est toujours moi qui fais des leçons de politique et de vie.

Tôt ou tard, et à mon avis plutôt tôt que tard, il aura fini de saturer de l’éternel monsieur-je-sais-tout que je suis. Et je serai à nouveau seul.
Sentant cela depuis quelques années, je me suis plongé à corps perdu dans YouTube, à regarder mille vidéos, certaines sur le militantisme queer, d’autres sur le militantisme handi, et évidemment beaucoup sur la politique, l’Histoire, le jeu vidéo, et j’en passe en fait.

Le point commun de tout cela ? Quel que soit le vidéaste qui m’occupe le plus sur une période donnée, je deviens terriblement envieux d’être son ami.e. De connaître cette personne « en chair et en os », et de pouvoir la compter comme un individu qui compte sur moi et avec qui partager des intérêts communs.
Et pourtant… Je ne suis pas sot : je ne crois pas une seule seconde que ça puisse arriver, ni que ce soit souhaitable ou même que cela puisse entrer dans le champ des éventualités de l’Univers tant tout, au final, sépare à jamais ces individus de ma petite vie étriquée, inintéressante au possible et inutile de geek.

Je cherche désespérément quelqu’un avec qui tromper ma solitude, ni plus ni moins.
Evidemment, cela vise préférentiellement ceux et celles dont les mots qui les définissent se rapprochent le plus de ce que je suspecte chez moi : schizophrènes, autistes, geeks, photographes, et j’en passe.
Au final, reste une constante : je suis seul.
Pas seulement seul physiquement, mentalement ou psychiquement.
Je suis un modèle foireux d’humain inapte, déréglé et dysfonctionnel. Un modèle qui n’a, certes, pas son pareil sur cette Terre. Mais pas parce qu’il serait une sorte de « modèle unique », rare et précieux. Non, simplement parce qu’il a été trop raté dès le départ pour ressembler à quoi que ce soit de désirable.

Tel le tableau de nouilles réalisé en maternelle pour la fête des mères, je suis un machin qu’on garde près de soi un certain temps. Tant qu’en fait, ça représente quelque chose, une marque d’affection que l’on apprécie, et qui s’estompe jusqu’à ce que l’évidence s’impose : il y a une horreur en coquillettes dans ma cuisine. Bon, bah : à la benne !

 

Je suis un modèle à peu près aussi unique que n’importe quelle casserole trop vieille pour servir convenablement : toutes les casseroles cabossées et déformées sont uniques à leur manière, mais aucune ne mérite autre chose qu’une benne à ordure, ou, à la rigueur, un placard poussiéreux en attendant le prochain vide-grenier.

En bref, je suis seul et resterai seul.

 

Mon incapacité complète à tisser durablement des liens sociaux, amicaux, à maintenir une existence amicale sincère dans l’esprit des gens vient aussi, c’est incontestable, d’une certaine froideur, pour ne pas dire un cynisme confondant, une amoralité complète de ma part sur de nombreux sujets philosophiques à la con.

Je ne suis pas câblé pour avoir des amis. L’ouvrier qui m’a monté a oublié les branchements. Du coup, c’est le câblage de la solitude qui essaie de compenser en essayant, froidement, rationnellement, intellectuellement, de montrer que je tiens aux autres. Mais affectivement… C’est le néant en surface. Dans les profondeurs les plus insondables et pleines de microbes de mon esprit, je ne vais point; il s’y terre des monstres dignes des pires clair-obscur.

 

Mon câblage m’empêche d’être un ami, un amant, un amoureux. C’est donc un robot défectueux, aux branchements à jamais incomplets qui essaie de compenser les défauts de son hardware comme il peut.

 

Je cherche, encore et toujours, à tromper ma solitude par tous les moyens possibles.
Je cherche, et tout ce que je trouve, c’est une envie fascinée et peu raisonnable de me rapprocher de tous ceux qui semblent, de loin, me ressembler.

Mais il n’existe personne qui soit aussi mal câblé.

Des autistes, des schizophrènes, des épileptiques, des asexuels, des aromantiques, des personnes harcelées scolairement, des personnes avec un SSPT… Et j’en passe et j’en oublie… Toutes ont une pièce de puzzle qui me ressemble. Mais ces pièces ne s’assemblent pas.

Au final, j’ai eu tort : la question que je me pose à tort et à travers depuis le début du confinement, et en réalité depuis que je suis en âge de me poser des questions…
Cette question lancinante, insoluble, angoissante, à la fois trop pertinente et ridiculement idiote et absurde qui hante mes nuits, cette question est au centre de ma solitude :

 
Au final, que suis-je ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Toujours intacte…

Toujours intacte…
L’humiliation est toujours intacte.
La rage est toujours intacte.
La solitude est toujours intacte.
La tristesse est toujours intacte.

A l’occasion d’un quiproquo banal avec une personne que j’apprécie beaucoup, sur un sujet anecdotique (mais révélateur de mon isolement social, si on creusait assez), j’ai… réagi vivement. La discussion prenant une allure de cul-de-sac, chacun se braquait sur sa position.

Et, aussi bizarre que cela était, je me suis retrouvé au bord de m’effondrer… Et de pleurer.

Pourquoi ?
Parce que cette incompréhension mutuelle m’a replongé, comme si c’était hier, dans des expériences que j’avais -pensé-je- digérées depuis 10 ans qu’elles s’étaient arrêtées.

Douces années de scolarité…

Même les mots gentils des personnes avec qui je discutais -par internet, rassurez-vous- qui voyaient mon émoi… Provoquaient un sentiment de brisure en moi, me plongeant dans un désarroi prononcé.

En moins de temps qu’il n’en faut pour l’exprimer, je me suis retrouvé plongé dans des souvenirs -reviviscences ?- d’années qui m’avaient profondément marqué, avec son cortège de sons, d’odeurs et de sentiments…

Intacts.

Il y  a quelques semaines, j’ai découvert le concept de C-PTSD ou Syndrome de Stress Post-Traumatique Complexe, que certains décrivent comme étant la conséquence d’un traumatisme répété dans le long terme et impossible à fuir; histoires d’abus sexuels sur le long terme, évidemment… Mais aussi… Harcèlement scolaires chez des enfants puis adolescents autistes…

Alors quoi ? Déjà, le concept de C-PTSD. J’ai du mal à croire que cela me concerne… Mais je ne peux pas être compétent à ce sujet, puisque la représentation que j’en ai c’est la guerre du Viêt-Nam et les abus sexuels les plus atroces. Je ne suis pas compétent pour prétendre que le C-PTSD peut concerner : 1° le harcèlement scolaire à long terme; 2° Le harcèlement scolaire à long terme dans MON cas.
Mais faut avouer que ça y ressemble furieusement par certains aspects (que je ne développerai pas ici, puisque je n’ai pas la compétence pour vraiment en juger)…
Ensuite l’idée d’autisme.

Plus le temps passe, plus mon entourage et moi commençons à avoir de gros doutes à ce sujet. L’idée que je sois autiste n’est pas venue de nulle part ou d’Internet, mais d’un ancien psychiatre qui avait lui-même envisagé l’hypothèse me concernant, sans pour autant se sentir apte à en juger.
Lorsque mon entourage a entendu cette hypothèse de sa part, ça a été une forme d’épiphanie. Comme si tant de bizarreries chez moi prenaient enfin sens.
Depuis la plus petite enfance jusqu’à nos jours, où en ces temps de confinement, je me retrouve à suçotter les lanières de mon harnais photo par angoisse sans pour autant pouvoir me réfréner… ou mes « pangolinades » devenues beaucoup plus fréquentes, pour ne pas dire « systématiques » à certaines heures de la journée.

 

Alors quoi ?

Est-ce que le fait de cette petite « prise de bec » sans importance doit m’inquiéter par le retentissement aberrant que ça a eu dans ma psyché ?
Est-ce que je suis un idiot qui n’arrive pas à passer outre des années de scolarité de merde ?
Est-ce que, en plus des diags de schizophrénie et d’épilepsie, il faudrait me coller les diags d’autisme et de C-PTSD ?

Ou est-ce que tous ces faisceaux de bizarreries ont une explication plus simple ?

Mais comme les réseaux sociaux militants handis nous l’apprennent, au final… Les comorbidités et autres cadeaux bonus allant avec un handicap (ou dit aussi « les merdes, ça vole en escadrille »), c’est plus fréquent qu’on ne le croit…

…Mais quand même ?
Il serait bon que je digère un jour tout ça…

 

 

 

 

 

 

 

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En ces temps de COVID…

En ces temps de COVID, il est difficile de rester de marbre.
En ces temps de COVID, toutes mes activités habituelles ont été suspendues.
En ces temps de COVID, toutes les opportunités -terrifiantes et inhabituellement désirables- qui s’offraient à moi sont parties en poussière.
En ces temps de COVID, de nouvelles interrogations s’accumulent sur mes épaules.
En ces temps de COVID, je me demande vraiment si je suis à la croisée des chemins… ou face à un mur infranchissable.

En ces temps de COVID, le monde devient fou.

Depuis le 17 mars dernier, nous sommes en confinement. Durant toute la première semaine, le CERFA français que nous étions censés remplir pour nous donner le droit de déroger au confinement -L’administration FRANÇAISE, messieurs-dames !- ne contenait pas de droit de promenade. Juste un droit d’activité physique.

Pensez-vous que j’ai osé sortir m’aérer ? Non, bien sûr. Une entière semaine durant, je n’ai pas foutu le pied dehors.

Autant vous dire que ça pique.
A la fin de la semaine, et avec la venue du nouveau formulaire, vint la possibilité de sortir pour se promener, dans une limite d’une heure par jour, à un kilomètre maximum de chez soi et une fois par jour.

J’ai donc passé mon temps de promenade à 500 mètres de chez moi, une fois par jour et à raison de 15 à 25 minutes par jour.
Oui, l’hypothèse d’être contrôlé par un flic ronchon me terrifiait. Déjà qu’en temps normal je ne suis pas très serein face aux autorités policières…

Non, ce n’est pas un traumatisme de délinquant juvénile, une peur de type fiché ou je ne sais quoi. Non, juste l’angoisse face à toute forme d’autorité, fût-elle bienveillante. Mettez-moi un type qui parle avec un minimum d’assurance sur son autorité vis à vis de moi, même totalement artificielle, et je me liquéfie sur-place.

 

Donc j’en ai fait moins que ce dont j’avais le droit. Et c’est toujours le cas.
Sauf… Que le 2 avril, journée mondiale de l’acceptation autiste (avril est un mois entier consacré à cela d’ailleurs), Notre Cher et Bien-Aimé Sauveur, Monsieur le Président de la République Française (dites-le si j’en fais de trop) a enfin pris mesure de la gravité de la situation et autorisé les personnes handicapées à sortir plus d’une heure par jour, à plus de un kilomètre de distance et plus d’une fois par jour. En fait un droit à la promenade sans limites, sous condition toutefois de justifier de son handicap. Ça tombe bien j’ai de quoi.

Les jours (semaines?) suivants, j’ai donc réquisitionné ma mère, habitant non loin, pour m’accompagner (accompagnatrice de personne handicapée, donc) et m’aider à aller plus loin que les 500 mètres que je m’octroie habituellement sans sa présence.

Pendant le confinement, les gens sont massivement sur internet. C’est bien.
Pendant le confinement, les gens se politisent. Ca peut être bien.
Pendant le confinement, les discours alakon fleurissent. C’est tout naze.

Déjà, le fameux « les gens sont des cons » n’a jamais été aussi fort.
Forcément que les gens ne respectent pas le confinement, avec un gouvernement incompétent, criminel et qui ment en permanence, se contredisant d’un jour sur l’autre.
Forcément que les gens sortent dehors prendre l’air en famille.
Forcément que les gens profitent du beau temps.
Forcément que les gens pique-niquent.

Et honnêtement : où est le mal ?

 

Ce qui importe, ce n’est pas que les gens passent deux mois complets chez eux.
Ce qui importe c’est qu’ils cessent de se contaminer réciproquement. C’est à ça que sert le confinement : à réduire les contacts sociaux. Alors quoi : vous souhaitez empêcher les familles nombreuses de s’ébattre sur la pelouse en face de chez eux, voire de pique-niquer, tant qu’ils restent en famille ?

Et pour ceux qui sont accusés d’abuser, de ne pas respecter le confinement…
Vous savez la réalité de leur condition ? Combien de gens vivant en appartement ? Combien de gens psychotiques ? Combien de gens dépressifs ? Combien de gens infirmes moteur-cérébral ? Combien de gens totalement seuls dans leur logement ? Combien de gens vivant les uns sur les autres dans un appartement trop petit pour leur famille ?

Vous savez ce qui pousse les gens à sortir ? Non.

Encore une fois, on voit bien que, derrière ces réprimandes des personnes « enfreignant » le confinement, il y a du mépris de classe qui ne dit pas son nom.
Parce que oui, d’accord, les parisiens qui vont passer des vacances sur l’île de Ré ou à Belle-Île, c’est super de se défouler sur eux, pasque eh : z’ont des résidences secondaires… Y sont privilégiés.
Sauf que même parmi eux, y a des gens psychiquement fragiles.
Y a aussi un sacré paquet d’enfoirés qui méprisent le bas peuple, ok certes.

Mais on est loin du compte.
Parce que la plupart des gens qu’on accuse de ne pas respecter le confinement, qu’on accuse d’être des mauvais citoyens, ceux que l’on contraventionne, voire que l’on condamne à de la prison pour un délit idiot de non-respect du confinement…
Ce ne sont pas ces parisiens.

 

Ce sont des prolos. Des handicapés. Des racisés. Des marginaux. Le bas de l’échelle sociale, en clair.

 

Moi, j’ai jamais été contrôlé depuis le début du confinement. Depuis le début de ma vie.
Je suis assez privilégié d’apparence pour passer entre les mailles du filet. J’ai évité de cocher les mauvaises cases, j’ai évité de m’affronter frontalement aux institutions de la République. L’HP ou l’école. Je suis né chez des parents instits. J’ai le bon niveau de langage.

Et pourtant, je ne peux pas m’empêcher de le prendre pour moi quand je vois, sur internet, ces gens qui fustigent « ceux qui ne respectent pas le confinement ».
Oui je me balade à plus d’un kilomètre. Oui je sors tous les jours. Oui, pour faire des photos, en plus.

Mais je préfère encore vos regards insistants à la décompensation qui me guetterait, autrement.

Je ne suis pas un mauvais citoyen. Peu de ceux qui sortent le font par égoïsme.
Ne nous jugez pas. Si vous êtes capables de rester chez vous, c’est que vous avez la chance de vous le permettre.

Ne croyez pas que l’angoisse virale ne touche que ceux qui restent chez eux.
Il est simplement humain de préférer ne pas sacrifier sa santé et s’autoriser une soupape de sécurité en sortant dehors, quitte à pique-niquer.

Il servira à quoi ce confinement, si toutes les personnes les plus fragiles finissent par se suicider ou décompenser ?

Ah mais oui ! J’oubliais : il vaut mieux perdre des improductifs que risquer de mettre à plat l’économie.
Bien sûr. Suis-je bête. C’est vrai que nos vies ne comptent pas, puisqu’on ne produit pas.

C’est sûr que dans une économie capitaliste, ne produit que celui qui met en valeur le capital d’un propriétaire.
On s’en fout de la production intellectuelle, artistique, éducative, sociale GRATUITE rendue possible par ces « improductifs ». Peu importe que les associations tournent massivement grâce aux « improductifs ». Peu importe que le chômeur du rez-de-chaussée soit hyper calé en électronique et ait déjà réparé deux fois ta télévision sans rien demander d’autre qu’une p’tite bière pour se détendre.

Arrêtez de nous croire improductifs. Arrêtez de nous croire inutiles.
Sans nous, la société n’ira pas mieux, elle ira bien plus mal.

Nous sommes légitimes à sortir. Les seuls légalement aptes à en juger, c’est la police (et y aurait beaucoup à dire sur leur interprétation toute personnelle des lois en vigueur). Vous n’êtes pas la police. Vous ne savez pas la réalité de la vie de vos voisins.
Non. Même si vous croyez la connaître. Vous ne savez pas.

Laissez-nous tranquilles.

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Le RUA : Vraie/fausse bonne idée ou vraie/fausse mauvaise idée ?

En ce moment circule une pétition dans le petit monde des personnes handicapées au sujet du RUA, le Revenu Universel d’Activité.

Le RUA, c’est ce machin que Macron promet à l’ensemble des personnes ne travaillant pas (qu’elles soient hors de l’emploi par manque de travail ou parce qu’elles sont handicapées, ou parce qu’elles n’ont que le minimum vieillesse pour vivre).

Le principe est de fusionner l’ensemble des minima sociaux existants en France et d’en faire un Über-minimum social : le RUA. Un RUA pour les gouverner tous.

 
Rassurez-vous, c’est présenté sous l’angle de la pertinence et de l’efficacité, aussi bien budgétaire que pour permettre à tous de disposer d’allocations auxquels ils ont droit et qu’ils n’osent pas réclamer. Pour rappel une personne éligible au RSA sur deux…. Ne le demande pas.

 

Alors, au sein des personnes handicapées, presque tout le monde est d’accord pour dire que c’est une connerie sans nom de mettre l’AAH dans le lot. Parce que les besoins des personnes handicapées sont spécifiques et qu’on est déjà sous le seuil de pauvreté, qu’en réalité notre allocation en €uros constants depuis son invention n’a pas spécialement fait de nous des nantis de la République, des privilégiés… Bien au contraire.

Mais moi, la question que je me pose c’est « comment décrire le RUA ? Dois-je me dire que c’est une merveilleuse nouvelle ? Une fausse bonne idée ? Ou un coup politique de maître pour taire la grogne populaire (on rappelle à toutes fins utiles que les prolos sont des animaux, vus de là-haut) ? Ou même juste un premier coup de semonce contre un système productif en passe de disparaître ?

 

 

Eh ben un peu tout ça à la fois.

C’est une merveilleuse nouvelle d’un seul point de vue (et ça devra rejoindre le dernier point) : donner un revenu UNIVERSEL à tous ceux qui ne travaillent pas, ou qui vivent des minima sociaux sans devoir en plus se soumettre à une recherche d’emploi… C’est censé être constitutionnel de notre République. Nous sommes censés pouvoir tous vivre décemment, peu importe nos choix ou notre situation professionnelle, physique, mentale, sociale, etc.
Donc le RUA : il était temps.
De plus, avoir un RUA et plus une AAH transforme les handicapés en… quasi-valides.
Alors oui, on est d’accord : c’est un déni complet de ce qu’est socialement et concrètement le handicap, et ça impliquera aux yeux de nombreux piliers de café du commerce que, si nous ne faisons « rien » (selon eux) c’est qu’on est des assistés.

Oui clairement, de ce côté ça ne sent pas bon.

D’un autre côté, pouvoir enfin arrêter d’être vu comme un fainéant ou un resquilleur qui a eu l’AAH parce que « le cousin de la soeur de la tante au second degré du petit-fils du voisin de mon trisaïeul a eu l’AAH et a resquillé avec de faux certificats » et que donc forcément quand tu as l’AAH et que t’es pas en chaise roulante, c’est forcément que tu es un resquilleur qui ne veut pas travailler… Ca va personnellement un peu me reposer.

Parce qu’il faut pas se leurrer : les préjugés sur les gens au RSA qui glandent aux frais de la princesse, qui fraudent, et qui sont des assistés au dernier degré… Ouais j’en ai mangé quelques-uns aussi, alors que je n’ai jamais touché le RSA.

 

Néanmoins… C’est aussi une fausse bonne idée d’adjoindre l’AAH au RUA… Et le RUA en lui-même est une mauvaise idée.
Pourquoi ? Ben déjà parce qu’on devine bien que très vite s’adjoindront des « devoirs » envers les gens au RUA, des contrôles de davantage de gens, des contraintes budgétaires globales qui maintiendront encore plus les allocataires dans la pauvreté… Et je ne parle pas de la CAF qui est une merveilleuse institution quand il s’agit de faire des « erreurs de calcul ».

 

Ensuite parce que le RUA ne règlera aucun des problèmes qui sont censés être résolus par cette mirifique invention. Ca ne tuera pas la pauvreté. Ca ne permettra pas à tous de bénéficier d’une allocation dès lors qu’ils y auront droit. Ca ne soulagera pas non plus l’économie française, ni Pôle Emploi. C’est un pansement sur une jambe de bois.

Par contre c’est un coup politique de maître parce que, dans le monde actuel, dans notre société française actuelle, où les précaires se comptent par millions, où les gens au RSA survivent à peine, où les handicapés, ces bourgeois à l’AAH, vivotent à peine mieux, et où le chômage est structurel et impossible à vaincre…

Qui, parmi les prolos, QUI refusera de toucher 800€ TOUS LES MOIS et en plus SANS CONTREPARTIE liée au travail ?

Sauf qu’ils nous prennent pour des lapins de trois semaines.
Parce que oui, ça peut contribuer à désamorcer la crise des Gilets Jaunes…
A condition de voir les Gilets Jaunes comme des abrutis.
Parce que ça a discuté sec sur les ronds-points.

Et qu’en l’occurrence… Macron, en tant que héraut de nos amis les « capitaines d’industrie »… Pardon, en tant que héraut de nos adversaires, les capitalistes…
Ni lui ni eux n’avaient d’autre choix que de nous filer 800 balles sans conditions.
Parce que, dans un pays où on a 1 poste libre pour 6, 7, 8, 10 chômeurs, voire plus… Même à supposer qu’on case autant de chômeurs que possible, on reste avec 90% de chômeurs sur les bras. Chômeurs contraints à rechercher des emplois qui n’existent pas.
Chômeurs qui vivent de  peu, qui sont sous pression constante par la grâce de Saint Paul Emploi, pression finissant d’ailleurs par en tuer un certain nombre. Le stress, ça tue. Pour de vrai.

Bien sûr qu’ils allaient nous filer 800 balles ! Si c’est le prix à payer pour acheter la paix sociale et en plus continuer à foutre notre planète en l’air, à éradiquer l’ensemble des Etats, pour finir par transformer autant d’employés que possible en « auto-entrepreneurs », dont le seul client sera la boîte qui les emploie mais n’aura plus besoin de payer le moindre €uro de cotisations sociales tout en sous-payant son employé dissimulé (et en faisant jouer la concurrence entre tous ces auto-entrepreneurs, favorisant ainsi le moins-disant social)… Bien sûr que 800€ c’est un bon deal. C’est même beaucoup plus rentable une fois qu’on compte la suite de la logique, qui est de financer par l’impôt les cotisations retraite, handicap, chômage, etc. et qu’on prend en compte l’économie substantielle qui sera réalisée quand, grâce au RUA, des centaines de milliers, voire des millions « d’auto-entrepreneurs » apparaîtront et se fritteront sur un « marché » qui ne sera qu’un marché de l’emploi déguisé, devenu encore plus féroce et concurrentiel par le statut magique d’indépendant qu’ils auront acquis.

 

 

Et comme je le disais, il faut prendre les Gilets Jaunes pour des ânes pour croire qu’ils n’ont jamais entendu parler de revenu de base, ni de salaire à vie. Ni de ce qui fait la différence entre un revenu de base (le RUA), fortement anti-social, et un salaire à vie (qui implique beaucoup de choses assez révolutionnaires… Au sens littéral du terme).

 

Au final, contre quoi faut-il s’élever ? Contre l’inclusion de l’AAH dans le RUA ? Ou contre le RUA lui-même ?

Le RUA, ce sont des miettes, servies en prétextant faire une bonne action. Des miettes qui seront une nouvelle forme d’aliénation.
Il faut viser plus grand.

Je rappelle le but : « Nous ne voulons pas le beurre et l’argent du beurre, nous voulons toute la boulangerie ! »

En même temps je comprends que le petit monde des handicapés s’occupe… De ce qui nous concerne au premier chef. A savoir : l’avenir de l’AAH.
Mais réclamer la séparation de l’AAH du RUA… Ce n’est pas pertinent. Il faut réclamer l’abandon du RUA. Purement et simplement. Parce que c’est un attrape-nigaud.

Attrape-nigaud qui, de toute façon, ne changera ultimement en rien le cours des choses tel qu’il est en train de couler en véritable torrent.

 

 

Mais c’était bien essayé, Manu !

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Nouvelle année passée, meurtre romancé et petits trollinets !

Messieurs dames, c’est officiel.
Je fais partie du game : j’ai eu mes deux premiers trollinets en commentaire.
Bon, autant le dire de suite, ils sont partis dans les profondeurs insondables et pleines de microbes de l’oubli. Entre celui qui me traite de parasite, et celui qui croit que je suis un infirmier psy (what ?) effrayé par la folie (say what ? O_o)…
Ca me fait un peu l’effet d’avoir atteint un achievement ! Il me faudrait un trophée Xboîte pour la peine !

 

 

Bref.
L’année a bien commencé, et voici qu’une petite polémique sauvage surgit du milieu de nulle part. Sur Konbini et sur la chaîne de je ne sais plus quel YouTubeur surgit une vidéo cachée dans les hautes herbes : une interview d’une femme ayant tué son enfant de quasi 3 ans parce que « lourdement handicapé ».

J’ai vu cette vidéo au pif de mes pérégrinations sur Internet.
Et ça m’a mis mal à l’aise.

Mal à l’aise parce que d’un côté, je voyais ce que cette femme voulait dire, ce qu’elle pensait, ce qu’elle ressentait vis-à-vis de cet acte.
Et d’un autre… ben, je vous laisse avec cet excellent résumé de Vivre Avec, qui vient de sortir :

 

 

 

 

(Vivre Avec, c’est bon : mangez-en.)

Et en fait ouais je « comprend » ce que cette femme a voulu dire, porter comme message.

Celui que « toute vie ne vaut pas la peine d’être vécue ». Que « la vie à tout prix », ça a ses limites.

Les limites d’un ami de la famille, mort récemment du cancer, mort en ayant souffert et en ayant décliné plus qu’il ne le désirait.
Mais je ne m’étendrai pas sur ces limites-là. Je vais parler des miennes.
De celles qui font que pour MOI, la vie à tout prix ça a aussi ses limites. En tout cas MA vie à tout prix.

Lors de mes dernières crises j’étais harcelé par des nazgûls, des zombies, des ombres malfaisantes, terrifiantes. Ces créatures infernales me menaçaient, me torturaient, et me faisaient perdre le sommeil « car dans le sommeil elles me dévoreraient », pensé-je.

Enfermé dans ma tête, enfermé chez moi ou enfermé en isolement, ça n’avait aucune différence. C’était un cauchemar vivant.
Je sais que certains psychotiques peuvent finir par basculer totalement dans le délire et n’en pas ressortir.

Autant le dire comme ça : délirer jusqu’à ma mort dans ce genre de thématique… Non merci. C’est déjà cauchemardesque, traumatisant à souhait, de vivre ça une semaine ou deux… Toute une vie, non.
Moi, je ne le souhaite pas.

Et effectivement, ce que dit cette mère s’entend. D’autant plus qu’elle affirme (sans aucune ambiguïté) que son enfant était un vrai « légume » et que la seule vie qui l’attendait après elle serait une vie de maltraitance institutionnelle. Car oui, la première maltraitance, la première violence validiste, handiphobe est sociétale et institutionnelle.

En tout cas en général.
Pasque là…

Pasqu’on ne sait foutrement RIEN du handicap de cet enfant mort il y a 32 ans.
Pasqu’on sait juste que c’était un handicap « lourd », comprendre : c’était un boulet pour elle.
Et surtout parce qu’actuellement, cette histoire triste à en fendre l’âme… et qui est déjà assez glauque comme ça… Sert de support à la vente d’un bouquin. Et à tout le matraquage publicitaire autour.

Messieurs-dames : la décence vous salue bien !

Je disais plus haut : je préfère ne pas vivre une vie de délirant 24h/24 jusqu’à ma mort, plutôt crever.
Oui.
Mais comme dit par Margot de Vivre Avec, c’est pas aux autres de décider de notre mort.
Au visionnage de la vidéo de cette femme qui a tué son enfant, on tricote, on suppose, on suppute, que son enfant était un légume, incapable d’évolution, incapable d’être autre chose qu’une sorte de plante verte à nourrir.

Et c’est à partir de ce présupposé invérifiable qu’on nous vend « le don de la mort » comme légitime, valable, voire altruiste.

Mais peut-être était-ce tout ce qu’on a dit à cette femme. Peut-être ne sait-elle rien d’autre sur ce que vivait son fils. Peut-être croyait-elle vraiment que son fils était une plante verte désarticulée.
Et dans ce cas cela nuance sincèrement et significativement les gémonies auxquelles beaucoup semblent vouloir la vouer.
Non pas qu’elle n’ait pas commis un infanticide.
Mais qu’au final, une part de la responsabilité vient des institutions, des médecins, de la société elle-même, faisant de cette femme à la fois une victime des préjugés handiphobes de la société et son bras armé, conduisant à un drame plutôt… terrible… et à une cynique conclusion et récupération sous la forme d’un « livre-choc ».

Autant le dire : tout ça est beaucoup trop glauque pour cette heure matinale de 1h07 du matin.

Et pourtant…

…Pourtant ouais : toute vie ne vaut pas la peine d’être vécue.
Plutôt crever que d’être un aliéné jusqu’au restant de mes jours.
Plutôt crever que de délirer toute ma vie.
Plutôt crever que de lutter contre le sommeil jusqu’à la folie totale et définitive.

Toute vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

… Encore faut-il que l’on soit la première personne concernée pour en juger.
Ce n’est pas rendre un service que de tuer quelqu’un sans son avis, même si on juge que sa vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

Pour citer un Al Crane d’Alexis (à ne surtout pas mettre entre toutes les mains : c’est un parangon de mauvais goût) : « le suicide ce n’est légal que si le macchabée s’est suicidé tout seul. ».
Autrement c’est un meurtre.

Alors certes, n’importe quel tribunal lui aurait trouvé masse de circonstances atténuantes. Certaines (peut-être) légitimes, d’autres bien plus discutables m’est avis.

Dans tous les cas, cette histoire est assez amère.
Tuer son enfant parce qu’il est « lourdement handicapé », ça révèle au moins autant la handiphobie de la mère que le validisme de l’ensemble de la société.
Ca montre que la violence envers les handicapés n’est pas près de s’éteindre, et qu’on est même capables de romantiser cette violence en faisant mine de nous faire un cadeau en nous tuant… Mais si vous savez… On « abrège nos souffrances ». Trop aimable.

Clairement, ce genre de discours, s’il s’entend et se comprend en prenant le parti des préjugés sociétaux sur le handicap, il reste néanmoins terriblement glauque quand on s’arrête cinq minutes sur ce qu’on sait, ce qu’on croit comprendre, ce que la dame interviewée semble savoir, ce qu’elle croit, ce qu’elle veut faire passer comme message, et les buts mercantiles qu’il y a derrière tout le reste.

C’est un agréable gloubli-boulga de violences sociales, sociétales, institutionnelles, de validisme… Qui pousse une femme à commettre un meurtre… Et à finir par en parler comme d’un acte altruiste, parce que perçu de sa seule lucarne, et à vendre des bouquins à ce sujet.

Bon appétit !

PS : oui, en effet, mon discours semble atténuer grandement la culpabilité de cette femme. Ce n’est pas le propos. Le propos c’est de voir « la source du mal » qui est derrière cette histoire, et qui n’est pas cette femme seule, qui n’a pas décidé de faire ça simplement par flemme d’élever son enfant (enfin j’espère VRAIMENT que ce n’est pas ça)… Mais qu’il y a toute une société et tout un tas d’oppressions systémiques derrière.
Malgré tout, c’est elle qui a commis l’acte, en toute conscience. C’est elle qui en parle sur konbini et qui vend des bouquins à ce sujet. C’est elle qui romantise cet acte comme s’il était d’un altruisme fou, etc…

Effectivement, elle n’a fait qu’intérioriser la violence validiste de la société jusqu’à l’absurde. Ca ne veut pas dire qu’elle est innocente. Mais ça veut dire par contre qu’elle assume pleinement le fait d’être un porte-voix revendiqué de ces violences validistes…
Ca par contre, j’ai du mal à y voir une simple attitude de victime pure. C’est aussi l’aspect vicieux de toute violence : ça peut transformer une victime en bourreau.

Bref.

Et bonne nuit à tous ceux qui dorment du sommeil du juste !

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Et un petit hors-sujet spécial « genre » histoire de fêter la Nouvelle Année !

Hum. Bonjour.

Je m’appelle « Numenuial », même si ce pseudo ne me correspond que sur cet espace virtuel que vous lisez présentement. Mes autres identités sur Internet sont nombreuses, et variées au fil des années, bien que disposant toujours d’un éternel fil conducteur entre elles.

Oui, c’est ENFIN le premier post de 2019. Dieu sait qu’il s’est fait désirer.
Alors tout d’abord : bonne année 2019 ! J’espère que cette année vous comblera d’aise et de projets réussis. Pour ma part, j’hésite à espérer cela ou à craindre de glisser lentement mais sûrement vers le surmenage (malgré le peu d’activités que j’ai à affronter, que ce soit en nombre, en intensité ou en temps consacré.).

Bref. Cet aparté étant fait, passons aux choses sérieuses.

Vous savez, je suis un type ouvert d’esprit : globalement féministe, comprenant que les transgenres ne sont pas malades psy, que les autistes non plus, qu’au final on vit sa vie comme on l’entend tant qu’on ne fait pas de mal aux autres… La base, quoi.

Surprise ! Vous posez la question aux gens autour de vous, tous diront la même chose. Certains tiqueront en comparant le féminisme à un militantisme anti-hommes, ou/et en rétorquant qu’eux sont simplement pour l’égalité des sexes… Mais bref : même l’extrême droite n’ose pas dire qu’elle est pour l’inégalité des sexes, les plus hardcore diront que l’homme et la femme sont « complémentaires », tout en étant égaux en droits.
Même si ça revient à se satisfaire que dorénavant les battes de baseball cloutées ont été remplacées par des tasers… Bon, ça reste un « progrès ».

Pourtant : quid des actes homophobes, sexistes, du validisme, de la psychophobie, de la transphobie, et de toutes ces pensées, ces actes, ces morts causés par le refus de respecter le droit de son prochain d’être qui il est, ou qui il veut être, tant qu’il ne fait de mal à personne ?

Et cette question n’est pas tant éloignée que ça du stigma social des schizophrènes… mais bref.

Ce tantôt, en me baladant, je me suis fait une réflexion -venue a priori de nulle part, mais preuve quand même qu’à force de lire des trucs sur ces sujets, on finit par se poser des questions intéressantes- qui m’a frappé par mon incapacité à y répondre.

Pourquoi, bon dieu, POURQUOI : Pourquoi y a-t-il des cases « Monsieur » et « Madame » sur les formulaires officiels ou commerciaux les plus variés ? POURQUOI ?

Souvenez-vous déjà de la fois où le féminisme a réussi à supprimer la case « Mademoiselle » des formulaires officiels. On le disait très bien à l’époque : Cela ne regarde personne, de savoir si on est mariée ou pas.

Alors posons-nous la question : A QUOI CELA SERT-IL DE SAVOIR QUE MACHIN EST UN HOMME ET MACHIN UNE FEMME ?

 

Sérieux : ne sommes-nous pas égaux devant la loi ? Vous savez, c’est même gravé au fronton de pas mal de bâtiments officiels : « EGALITE ».

D’ailleurs, vous aurez peine à trouver des lois qui s’appliquent spécifiquement aux hommes ou aux femmes. On trouvera généralement des formulations neutres sur le thème « discrimination en raison du genre » ou « en raison du sexe ».
On trouvera bien des formulations différenciées dans tous les articles autour de la conception d’un enfant (et cela va certainement disparaître progressivement avec le temps) mais sorti de ce domaine très spécifique, en effet : qu’est-ce que la loi en a à foutre que Michèle soit une femme, quand il faut lui verser une APL ? Qu’est-ce que la loi en a à foutre que Martine soit un homme ?

 

J’en étais à cet état de ma réflexion quand, il y a une vingtaine de minutes à peine, je tombe sur Guynotaguy, sur YouTube. Je l’avais déjà entr’aperçu.e sur la chaîne de Vivre Avec. C’est une personne transgenre (d’ailleurs, si jamais par miracle tu tombais sur ce texte, Guy : hésite pas à me dire comment me corriger au sujet de tes pronoms et tout et tout, s’il y a besoin : je suis novice, et j’ai pas pris le temps de regarder ta chaîne, maintenant que je sais qu’elle existe, j’ai direct voulu faire ce pavé kilométrique !) et sur cette vidéo que j’ai visionné, iel pousse un long ras-le-bol sur « le passing ».

Plutôt que de paraphraser Guy :

 

Donc j’en étais là, au moment des questions qui traînaient depuis ma balade dominicale.

Et je visionne cette vidéo.
Diantre ! Alors que je SAVAIS pertinemment que le genre de Guy n’avait aucune importance dans cette vidéo (la seule information utile étant que Guy est transgenre, ce qui suffit largement en termes de légitimité)… J’me suis posé une question…

…Une question bizarre, et qui me mettait foutrement mal à l’aise vis à vis de moi-même.
Pasque oui j’me suis demandé ce qu’était l’assignation de Guy à la naissance.
Ou dit plus trivialement « qu’est-ce que Guy a entre les cuisses ».

Autant dire que sa charge magistrale sur le passing m’a fait cogiter.
Parce que bon, le passing est aussi (apparemment) une arme de violence envers les transgenre.

Et c’est là que j’en reviens à la question « A quoi bon deux cases « monsieur » et « madame » sur les formulaires ?
Je me posais la question, et en même temps je savais que l’Etat s’en foutait pas mal.

La réponse est évidente : ces deux cases à la con, en plus d’être inutiles, sont violentes et une preuve de plus que nous vivons dans une société transphobe. Transphobie dont je suis visiblement porteur sans le réaliser.

On peut avoir tous les beaux discours qu’on veut sur l’égalité entre hommes et femmes, entre neurotypiques et neuroatypiques, entre blancs et racisés, entre machin et truc…

Ca ne peut pas marcher.
Les discours, ce ne sont que de bonnes intentions.
Derrière il y a les mots.
Derrière il y a les concepts.
Et à cause de ces deux derniers, il y a l’impossibilité mentale et conceptuelle d’imaginer le monde autrement.
« Si on dit mal les choses, on prend le risque de mal les penser. » a dit un jour Etienne Klein.

Ben voilà : j’ai ma réponse…

Pourquoi « Monsieur » et « Madame » dans les formulaires, alors même que ça n’a aucune importance ?

Parce que le langage.
Parce qu’on a TOUJOURS pensé le monde en « Monsieur » et « Madame ». Qu’on a forgé des langues entières à partir de ces concepts. Et donc qu’on n’est pas en mesure de conceptualiser le monde d’une manière égale. Parce que le langage.

Parce qu’on pense avec ses mots. Ceux qu’on emploie sans y prêter attention.

Autant vous dire que oui, effectivement, quand on se met à voguer dans les mers vastes et passionnantes des luttes féministes, LGBTQIAA+, queers etc… On est limite dans un pays étranger : parce que c’est une langue totalement nouvelle à apprendre. Un peu comme Monsieur Leneuf, votre prof de maths, qui vous apprend à écrire des intégrales.

Alors ouais, effectivement, ça déroute, ça réveille des incompréhensions. Et de la violence. Et des morts. Trop de morts. Parce que oui, on réveille des morts à force de tuer des gens pour ce qu’ils sont. Les morts assassinés, directement ou non, parce qu’ils étaient différents, continuent de hanter le monde des vivants, littéralement ou métaphoriquement. Choisissez votre façon de voir cette phrase.

 

Qu’est-ce qu’on s’en tape que Guy ait une bite ou un vagin.
Qu’est-ce qu’on s’en tape que Eloïse désigne un « Monsieur », une « Madame », un.e transgenre ou même un blob ventriculaire communiste de l’outre-espace.

La charge de scandale des transgenres, ce qui fait qu’il sera difficile de renoncer à ces deux enfoirées de cases « Monsieur » et « Madame », c’est que les transgenres montrent bien qu’en réalité, le sexe qu’on a physiquement entre les cuisses… n’a aucune importance. Qu’il ne devrait y avoir aucune importance dans notre rapport à autrui, pas plus qu’être blond n’entre en ligne de compte ou qu’avoir une main en moins ne devrait être un point de focalisation pour définir quelqu’un. Et qu’au final, la seule vraie question, le seul vrai droit que les individus doivent posséder pleinement et entièrement dans une société qui a des valeurs telles que la liberté, l’égalité et la fraternité sur le fronton d’autant de bâtiments publics… C’est le droit d’être qui on est, d’être qui on veut.

Les cases « Monsieur » et « Madame » ne sont d’aucune utilité pour les administrations.
Par contre, pour des tas de gens, ce sont des prisons.

 

 

J’ai beau être ce qu’on appelle un cisgenre dans les milieux militants… Je souhaiterais vraiment, pour une fois, que ceux qui me lisent prennent vraiment le temps d’écouter ce que Guy et l’ensemble des personnes trans de YouTube ont à apprendre à tous.

Et navré au passage pour ceux qui sont mieux informés et plus avancés que moi sur ces questions : je ne fais que redécouvrir le fil à couper l’eau tiède, j’en suis conscient…

 

Bref…

Vous vous pensez à l’abri des préjugés ? De l’homophobie ordinaire ? Vierges de tout préjugé envers les gens « différents » ?

Ahah. Pauvres fous…

…Oh wait !

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Hello nuit blanche, my ol’ friend…

Je dérape…

En même temps j’espère que c’est juste passager… Comme à chaque fois que je dérape… Mais bon, tout semble aller si bien dans ma vie depuis deux trois ans… Que je m’en suis pris à espérer être stabilisé, et sinon sorti d’affaire, en tout cas en bonne voie de ne plus jamais refoutre les pieds dans un HP…

M’enfin on va dire que c’est le passage à l’heure d’hiver et le manque de lumière, hein ? Hein ?

Ouais, moi non plus j’y crois pas trop.

C’était tellement couru d’avance. Ca fait un an entier que je râle sur la fatigue qui m’a prise, sur les « responsabilités » qui se sont accumulées sur mes épaules, sur les sollicitations à droite et à gauche… Et qui, en plus, ne sont pas tellement nombreuses. Un actif se moquerait de moi et de ma « petite nature de fragile ».

Ca fait un an que « plein » de choses s’enchaînent. Et un an donc que je prétends autour de moi que « ça va se remettre, là d’ailleurs je remonte la pente, c’est bien parti ». Et en fait de remontée c’est juste un petit saut sur-place. Juste de quoi s’élever de cinquante centimètres une demi-seconde pour revenir au même endroit.

Je dors de plus en plus mal. On sait tous comment finit ce genre d’histoires.
Je suis à nouveau hanté par mes musiques préférées, celles qui signalent que je suis moins empli de positivité, et qui, en sus, ont tellement l’art et la manière d’exprimer une petite part de l’angoisse qui me ronge secrètement.

En ce moment, le stress remonte. C’est super hein ? Parce que j’ai pas besoin de stresser pour être déréalisé/dépersonnalisé en permanence, à la base. Sauf que maintenant que j’ai ce stress visible, je suis deux fois plus profondément déréalisé/dépersonnalisé, et c’est un joyeux bordel dans ma tête par voie de conséquence.
J’ai de nouveau du mal à faire la part des choses entre rêves et réalité.
J’ai de nouveau du mal à mesurer le temps qui passe.
J’ai de nouveau du mal à ne pas marmonner tout seul dans la rue, tout à mes pensées.

Je suis crevé 24h/24. Du coup, je dors trop une fois sur deux, et l’autre fois, je dors… Mais très mal, et trop tardivement, genre à 5h du matin.

J’en suis encore à me dire que « je vais me reprendre en main », que « ça va se passer », qu’avec un peu de rigueur et de repos ça va se remettre.
Mais ce n’est pas vrai. Cela ne peut pas être vrai.
Sinon, les vacances m’auraient remis d’aplomb.
La vérité, c’est que je suis en train de déraper à nouveau.

Etape  1 : mal dormir ACCOMPLIE !
Etape 2 : ressasser ses chansons d’insomnies ACCOMPLIE !

 

J’en suis venu à me détester à nouveau, à me convaincre que je ne ferai rien de ma vie, que je mourrai sans jamais avoir intéressé quiconque. A me dire que de toute façon, ma vie ne changera rien pour personne.
Et qu’au fond, je suis un déchet, simplement un machin mort qui se croit intéressant.

Etape 3 : commencer à ressasser des pensées ineptes et morbides ACCOMPLIE !

 

En fait j’ai toujours pas la santé pour assumer une activité qui se rapproche un tant soit peu de quelque chose de sérieux.
Je ne pourrais même pas faire un mi-temps thérapeutique sans craquer au bout d’un mois.
Même un quart-temps serait de trop.
Je ne sais pas comment le dire autrement, mais… ouais, je suis un miroir en morceaux qui se prend pour une psyché complète (ahah : miroir/psyché, je suis tellement spirituel et intelligent et… ouais bon, c’est carrément télégraphié tellement c’est téléphoné. Pardon.).

J’hésite entre m’abrutir au loxapac et continuer ma nuit blanche. Mais je sais que je n’oserai pas prendre de loxapac, quand bien même ça me sauverait ma nuit. Ben tiens : je suis trop con pour prendre mon traitement en toute autonomie, je vous le rappelle.
Mon cerveau est un putain de connard.

Ca va être quoi la suite ?
Plus de voix ?
Des zombies au pied de mon lit ?
Je vais carrément basculer et vraiment croire que je possède un sharingan, comme dans Naruto ?
Ou alors je vais juste me morfondre un peu plus chez moi jusqu’à ce qu’on me retrouve par hasard, momifié dans mon lit, et partiellement bouffé par mon chat ?

Que de joyeuses perspectives, n’est-il pas ?
Sauf que, en effet, les perspectives qui suivent ces insomnies constantes sont aussi réjouissantes qu’une prison française.

Bref. Tout ça fait un peu « litanie de lamentations nocturnes ».
Mais si je ne le dis nulle part, c’est comme si je refusais de l’affronter.
Et j’ai encore l’espoir d’arriver à l’affronter.
Pourtant je suis si las de me battre contre ce moulin à vent perpétuel.
Cette aliénation qui me guette à la moindre faiblesse.

Si encore ma vie se résumait à comater chez moi, ce ne serait pas gênant…
Mais si c’est pour encore ruiner la joie de vivre de mes parents… Qui ont déjà plein de perspectives plombantes à gérer… C’est vraiment pas la peine.

Bon.
Bon. On va dire que je vais me reprendre hein ? Que je vais réussir à réguler à nouveau mon sommeil et qu’une fois cela fait, tout ira beaucoup mieux.

Mais j’ai peur d’être déjà en train de glisser trop loin…

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Trop. Trop trop trop trop. Beaucoup trop…

Tout va bien dans ma vie actuellement.
Tout va TROP bien.
Il y a cent fois TROP de choses. Cent fois TROP d’opportunités qui me tombent dessus beaucoup TROP vite, et me foutent beaucoup TROP de pression.

Je suis officiellement le « professeur » de mon club photo. Mon rôle est d’animer un cours d’initiation à la photographie.
Je suis aussi le tenancier de leur blog.
Je suis aussi dans leur bureau. Et leur conseil d’administration du coup.

A côté de ça, on me propose de participer à une exposition hors cadre du club.
A côté de ça j’ai même l’occasion qui apparaît d’avoir un lieu où afficher mes photos, peut-être même les vendre. Ce qui va impliquer plein de démarches auprès de la MDPH.
A côté de ça, le club photo est bombardé d’opportunités auxquelles il répond, et face auxquelles je fais ma part, largement.

J’ai beau être en bonne forme physique… Je dors TROP.
Ce n’est pas un hasard. Tout ça fait TROP de choses d’un coup.
Tout s’accélère.
Il y a même une amie de la famille qui compte m’inviter à la fête de retraite de son mari pour faire des photos de la soirée.

J’adore. Mais tout ça fait TROP.
TROP de choses à gérer.

Et pas assez de temps pour me régénérer. Oui, comme dans les jeux vidéos. Je rêve d’une potion de régénération histoire de récupérer plein de points de vie vite et bien.

Parce que là, je suis comme un personnage avec sa barre de vie entamée d’un bon tiers. Je tiendrai sans mal toute l’année si je m’organise bien. Mais chaque semaine apporte son lot de points de vie volatilisés.

Seulement voilà, au grand jeu de la vie, je suis au mieux un personnage secondaire. Un PNJ à escorter en faisant gaffe pour qu’il ne crève pas en chemin.

Moi, j’peux pas recharger la dernière sauvegarde pour m’attaquer différemment au problème.
Je suis à la merci des héros qui m’entourent et prennent soin de m’escorter.

Tout ça fait beaucoup TROP d’héroïsme.

Alors quoi ?

Alors que les choses se décoincent, que j’ai peut-être, pour la première fois de ma vie, l’occasion de gagner de l’argent avec mes photos, je devrais abdiquer ?
Non. Parce que sinon je m’en voudrais toute ma vie.
Je vais devoir tenir, en espérant ramasser un maximum de potions de vie, en attendant le prochain checkpoint.

Dieu, que les choses sont insensément rapides dans le monde des vivants…

 

Moi, tout ce que j’espérais à la base, c’était faire les choses peinard dans mon coin.
Seulement, je me suis trop fait repérer. Je ne suis même pas sûr qu’il existe UN  commerçant en ville qui ne sache pas à quoi « le type à chapeau et à barbe qui fait des photos harnaché comme un boeuf » ressemble.
Forcément que je me suis fait remarquer. J’suis con.
Mais ça me tient. C’est ce qui fait que je ne m’effondre pas. Maintenant je suis attendu au tournant, et je ne pense pas être vraiment prêt… Si tant est que quiconque puisse l’être.

 

 

C’est TROP pour moi.
Et c’est pourtant ce à quoi j’aspirais.
Je dois être définitivement TROP maso pour être raisonnable.

Et pourtant je vais devoir tenir bon. Coûte que coûte.

Ah ça oui : tout va pour le mieux.
Je n’étais pas prêt pour ce mieux. Même s’il semblerait que j’en aie acquis les compétences…

 

Tant pire.

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